Vaccination par les pharmaciens ? L'ABSyM demande à De Croo et Vandenbroucke de renoncer à leur projet

9 décembre 2021

Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Alexander De Croo et au ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke, l'ABSyM demande le retrait de l'avant-projet de loi autorisant les pharmaciens à vacciner contre le Covid-19. Ce sont les pharmaciens qui sont corporatistes, pas les médecins.  L'ABSyM constate d'ailleurs que si les médecins administrent des vaccins dans leur cabinet, ils ne peuvent pas le facturer, sauf si la consultation était prévue pour une autre raison.

Image
Foto premier Alexander De Croo

Les discussions sur l’avant-projet de loi contesté1 sont déjà bien avancées.  Pour l'ABSyM, il est clair que cette initiative est principalement inspirée par un réflexe corporatiste du lobby des pharmaciens. Il s'inquiète du revenu des pharmaciens, qui est mis à mal par l'arrivée des pharmacies en ligne et des chaînes de pharmacies.

Dans la lettre ouverte, l'ABSyM renvoie au rapport de Sirius Insight, un cabinet de conseil qui réalise chaque année une analyse du marché des pharmaciens. Le rapport 2021 a révélé que 41% des pharmacies d'officine belges ont un "faible potentiel de clientèle".

Ceux qui prétendent que les médecins sont corporatistes en la matière se trompent donc.

Pour l'ABSyM, les soins médicaux et pharmaceutiques sont complémentaires. Nous sommes attachés à une bonne collaboration avec les pharmaciens et les infirmiers, mais cette initiative législative risque de compromettre cette collaboration harmonieuse. Il n'existe aucune preuve scientifique que le taux de vaccination contre le Covid-19 augmenterait si les pharmaciens étaient également impliqués.

Si le médecin généraliste ne parvient pas à convaincre son patient de la valeur ajoutée de la vaccination, le pharmacien n'y réussira certainement pas, selon la lettre ouverte. « La très bonne entente entre pharmaciens et médecins, qui s'est transformée à juste titre ces dernières années en une véritable fraternité, est catapultée dans le royaume des ténèbres d'un simple trait de plume. »

Le monde à l'envers

Pire encore, un médecin qui reçoit des patients dans son cabinet pour les vacciner contre le Covid-19 peut ne pas le facturer. Nous citons le site Internet de l'INAMI :

  • « Si vous vaccinez contre la Covid-19 à votre cabinet, lors d'une consultation qui était programmée pour une autre raison (par exemple, une vaccination contre la grippe ou le contrôle régulier d’un patient malade chronique), vous pouvez facturez la consultation. »
  • « Utilisez pour ça le code de nomenclature habituel pour une ‘consultation’. Vous ne pouvez pas facturer de vaccination anti-Covid comme une vaccination organisée en centre de vaccination, équipe mobile ou institution de soins. Si votre patient souhaite se faire vacciner contre la Covid-19 sans autre raison de consulter, nous vous invitons à le diriger vers un centre de vaccination. »

Si les médecins ne sont pas autorisés à facturer la consultation lorsqu'ils ne font que vacciner un patient contre le Covid-19 alors que les pharmaciens sont autorisés à facturer la vaccination, nous rentrons dans un réglementation totalement irrationnelle et malsaine. C'est le monde à l'envers. Raison de plus pour que l'ABSyM exhorte De Croo et Vandenbroucke dans sa lettre ouverte à retirer immédiatement le projet de loi.

Dr. Luc Herry

Président ABSyM

Cliquez-ici pour la lettre ouverte :

 

1 Avant-projet de loi relatif à la vaccination et à l’administration, par des pharmaciens exerçant au sein d'officines pharmaceutiques ouvertes au public, des vaccins autorisés dans le cadre de la prophylaxie du COVID-19 et au prélèvement, à l'exécution et à l’interprétation des tests antigéniques rapides.

À propos de l'ABSYM

Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.

Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.

En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.