Un peu de douceur dans ce monde de brutes (Dr Caroline Depuydt)

8 avril 2020

Je sais qu’il est de bon ton, actuellement, de vilipender la ministre de la santé. Mais aujourd’hui, je voudrais faire le contraire et dire merci!  Oui... c’est osé, et si vous lisez jusqu’au bout vous aurez le droit de ne pas être d’accord avec moi. Mais, cette crise nous apprend aussi la solidarité et que s’encourager est souvent beaucoup plus productif que de se détester.
 

Image

 

 

Je sais qu’il est de bon ton, actuellement, de vilipender la ministre de la santé. Mais aujourd’hui, je voudrais faire le contraire et dire merci!  Oui... c’est osé, et si vous lisez jusqu’au bout vous aurez le droit de ne pas être d’accord avec moi. Mais, cette crise nous apprend aussi la solidarité et que s’encourager est souvent beaucoup plus productif que de se détester.

 

Tout est compliqué à vivre aujourd’hui: le confinement, les pénuries, la courbe de décès, les incertitudes et je comprends la tentation qui nous pousserait à vouloir trouver un responsable et l’en blâmer. C’est le principe du bouc émissaire, on trouve un coupable, on l’élimine (façon de parler) et on espère avoir résolu le problème. Rassurant en quelque sorte.

Qu’il faille, en fin de crise une commission d’enquête et un vrai processus de changement en profondeur me semblerait mille fois plus profitable que de faire tomber une tête et de recommencer le même cycle de non prévoyance jusqu’à la prochain crise.

Donc, plutôt que de blâmer, d’autres s’en chargent beaucoup mieux que moi, aujourd’hui je voudrais dire merci. Derrière la ministre, ou à ses côtés, il y a un cabinet ministériel , des administrations qui sont eux-mêmes constitués de personnes. Des gens comme vous et moi, des hommes, des femmes, de tous les types. Des gens qui continuent à travailler de chez eux, qui font la file aux magasins, qui ont peur pour leurs proches et leurs aînés. Des personnes qui ont envie de faire de leur mieux avec les moyens qu’ils ont. Et c’est eux que je voudrais ne pas oublier aujourd’hui et que je voudrais remercier pour leur travail de l’ombre, leurs efforts malgré le découragement parfois, la fatigue souvent.

 

Ces dernières semaines ont été l’occasion de voir se tisser une collaboration étonnante entre des parties qui en général au mieux se respectent à distance et au pire se regardent avec méfiance : l’Inami, le SPF, les organismes assureurs et les représentants des médecins, syndicats et associations (Absym, GBS, Collège de médecine générale, par exemple). Les contacts se sont noués rapidement, les questions justes posées, les réponses élaborées ensemble et mises en pratique en moins temps qu’il n’en faut pour le dire. J’en veux pour preuve, dans mon domaine, les codes temporaires de télé- ou visioconférence qui ont été activés pour les psychiatres et pédopsychiatres.

 

J’en retiens quelques grandes leçons pour plus tard.
Finalement, on a tous le même objectif : offrir les meilleurs soins dans les meilleures conditions possibles en prenant en compte la réalité du moment, quelle qu’elle soit.

 

Et puis, c’est en cas de crise que l’on s’aperçoit de l’utilité réelle des modèles de concertation mis en place ces dernières années. Les acteurs de cette concertation ont appris à se connaître et peuvent activer leurs réseaux de manière rapide quand cela s’avère indispensable. Le respect mutuel et la bienveillance prévalent, le souci de faire au mieux également.

Enfin, tout ça peut être rapide et passer par la technologie du 21ème siècle. Oui oui!

 

Rester solidaires et bienveillants ne veut pas dire naïfs et ignorants. Des réponses devront être données aux manquements dans la gestion de cette crise mais n’oublions pas notre humanité, n’oublions pas de voir les personnes derrière les fonctions.

 

Aux soignants mais également aux travailleurs dans les administrations publiques, à l’Inami au SPF, aux ministères, aux personnes qui travaillent dans les supermarchés, aux policiers, aux éboueurs, à toutes ces personnes qui le méritent, je dis merci.

 

Dr Caroline Depuydt

 

Source: Le Spécialiste

 

À propos de l'ABSYM

Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.

Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.

En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.