Le budget soins de santé 2026 voté par le Conseil général laisse un goût amer aux médecins

20 octobre 2025

Ce matin, le Conseil général de l'INAMI, au sein duquel les médecins sont représentés mais n'ont pas le droit de vote, a approuvé le budget des soins de santé pour 2026 établi à 41.297.169 milliers €, avec 17 voix pour et 4 abstentions. Outre les hôpitaux qui sont pourtant déjà pour la plupart en grandes difficultés financières, ce sont les médecins qui sont touchés de plein fouet. 

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arts koppel patiënten

La non-approbation du projet de budget soins de santé par le Comité de l’assurance le 6 octobre a pour conséquence que le gouvernement devait lui-même soumettre une proposition au Conseil général le troisième lundi d'octobre. Pour ce faire, il s’est appuyé sur la lettre de mission du 21 juillet qui définissait les grandes lignes de l'exercice de prétendue efficience à réaliser dans les différents secteurs.

Une lettre de mission suivie aveuglément

« Le ministre Vandenbroucke aura donc eu gain de cause. Les 150 millions d’euros d’économies qu’il imposait aux médecins dans sa lettre de mission sans aucune justification sont donc bien devenus réalité », déplore le Dr Patrick Emonts, président de l’ABSyM. « Et n’oublions pas qu’à ce montant, il faut ajouter les 62 millions d’euros que les médecins vont déjà rendre à partir du 1er janvier 2026 et les 16 millions d'euros qui seront retenus sur la masse d’indexation de 2026. On peut regretter que les cinq représentants du gouvernement aient voté pour et acceptent donc sans autre forme de procès ces économies excessives sur le dos des médecins. »

Certes, l’ABSyM peut souscrire à certaines mesures d’économies reprises dans la note telles que des critères d’inclusion plus sélectifs des patients qui prennent des médicaments de façon chronique chez le pharmacien de référence, une délivrance des antibiotiques à l’unité, la protection des patients BIM dans l’augmentation du ticket modérateur de deux euros par boîte de médicaments.

Mise à mort programmée de la médecine extramuros 

Par contre, l’ABSyM ne peut que regretter la façon dont les économies ont été décidées chez les médecins. « En fait, lorsque l’on parcourt la note, on observe rapidement que c’est essentiellement à la valeur de la lettre clé[1] qu’on a touché. On diminue donc le prix de toute une série d’activités des médecins, alors que leurs coûts restent les mêmes, voire augmentent. On est donc bien loin des objectifs de soins de santé,  d’appropriate care ou de mesures « evidence based » sur lesquels insistent tant l’INAMI et le ministre Vandenbroucke. Dans le prolongement de la volonté du ministre de supprimer les suppléments d’honoraires en ambulatoire, il s’agit de la mise à mort programmée de la médecine extramuros puisqu’à l’hôpital, les frais sont couverts par le Budget des Moyens Financiers à la différence de l’extramuros », commente le président de l’ABSyM. 

« En outre, nous restons aussi perplexes face à l’attaque contre la chirurgie orthopédique qui avait déjà contribué largement aux efforts dans les 62 millions d’économies. En plus des économies importantes sur la chirurgie du dos et du genou, ils sont l’une des disciplines les plus touchées par la suppression de l’aide opératoire. Or, malgré les nouvelles technologies, l’aide opératoire reste nécessaire et ce n’est pas parce qu’elle est supprimée sur papier qu’elle pourra l’être sur le terrain. Il en résultera donc que le chirurgien devra payer lui-même une infirmière instrumentiste », ajoute encore le Dr Emonts.

Un accord médico-mut de moins en moins probable

Enfin, la probabilité qu’un accord médico-mutualiste puisse encore être conclu cette année s’éloigne de plus en plus. « Force est de constater que les mesures proposées par les médecins comme l’augmentation du ticket modérateur des consultations chez le médecin généraliste pour les non-BIM ont été purement et simplement balayées d’un revers de la main. On peut aussi se demander comment la téléconsultation n’a toujours pas été réintroduite alors que si elle est bien cadrée, elle peut permettre des économies significatives. Ce budget approuvé aujourd’hui témoigne d’un manque de volonté de concertation avec le corps médical. Si l’on veut un accord médico-mut pour la fin de l’année, il est urgent de rétablir la confiance », conclut le président de l’ABSyM.

 



[1] La valeur de la lettre-clé, fixée par convention, est une valeur monétaire qui fait partie du calcul du coût d'une prestation de santé selon l'INAMI. Pour obtenir le montant total de l'honoraire, on multiplie la valeur de la lettre-clé (en euros) par un coefficient-nombre qui est propre à chaque prestation. 

 

Pour plus d’infos et/ou une demande d’interview, vous pouvez contacter France Dammel, l’attachée de presse du président, par téléphone au 0494/50.88.98 ou par e-mail : France.Dammel@skynet.be

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