La médecine générale doit revenir aux fondamentaux (Dr Frederik Kao)

16 février 2022

À Essen, 1 500 patients sont abandonnés à leur triste sort après qu'un praticien solo de 42 ans a cessé de pratiquer. L'administration communale a annoncé qu'elle offrirait l'application Doktr à ses habitants. Le fait que la perte d'un collègue conduise à une situation aussi affligeante met à nu la crise systémique de la médecine générale en Flandre. Il n'y a qu'une seule solution : revenir à l'essentiel !

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Gemeente Essen

Dans sa recherche d'une solution pour les 1 500 patients privés de médecin généraliste - les autres cabinets sont surchargés - l'administration communale d'Essen a recours, entre autres, à une collaboration avec la plateforme numérique Doktr. Via cette application de Proximus, les habitants d'Essen peuvent demander une téléconsultation numérique avec un médecin. Essen a également publié une offre d'emploi pour un médecin généraliste qui pourrait  consulter quelques heures par semaine à l'hôpital AZ Klina.

Soyons clairs : je ne blâme pas l'administration communale d'Essen ni le bourgmestre Van Tichelt. Ils sont obligés de franchir le pas avec Proximus. Ce n'est pas la faute de l'administration communale si la médecine générale est devenue tellement fragile qu'une crise se déclenche lorsqu'un généraliste solo doit cesser sa pratique. 

Le médecin généraliste seul dans son cabinet ou en duo s'avère donc être le cheval de bataille de la médecine générale. Quand il décroche, on assiste à des situations de ce genre. Avec la vague massive de départs à la retraite des praticiens en solo de la génération du baby-boom, ce genre de drames se produira bientôt partout en Flandre. Cela révèle une crise systémique de la médecine générale. Depuis des années, le médecin généraliste solo est discriminé et mené vers la sortie. L'accent est trop souvent mis sur les institutions et les structures et pas assez sur le fait de "faire simplement son travail".

Il est grand temps de réhabiliter le généraliste solo avant qu'il ne soit trop tard !

Dr Frederik Kao, administrateur du Vlaams Artsensyndicaat

Cela commence par l'endoctrinement des jeunes candidats médecins généralistes, à qui l'on répète sans cesse que la pratique en solo est dépassée et que leur avenir ne réside que dans de grandes pratiques de groupes, de préférence multidisciplinaires, où le nombre de consultations disponibles par médecin est considérablement plus faible. Outre les académiques de la médecine générale, il existe aussi des associations de médecins généralistes qui, malheureusement, abondent dans le sens de cette triste histoire. 

Il est d'ailleurs frappant de constater que ce sont les mêmes institutions et organisations qui ne voient aucun mérite à ce que la profession soit systématiquement érodée et à ce que d'autres professions de santé aspirent aux tâches essentielles des médecins généralistes. Elles préfèrent faire de bonnes affaires avec le gouvernement. L'inflation substantielle de la profession de généralistes n'a jamais été aussi élevée.

Le message que je leur adresse est clair : "Tirez vos conclusions. Soit vous continuez dans vos réformes destructrices et dans l'altération de l'esprit de vos jeunes collègues. Soit vous admettez qu'il est grand temps de sauver la médecine générale de la mainmise totale par d'autres."

Ce que je propose concrètement ? Le retour aux fondamentaux !

Nous devons revenir à l'essence de la médecine générale. Cela signifie également : le retour de la médecine à l’acte. Il n'y a rien de mal au principe selon lequel ceux qui travaillent dur et et consultent beaucoup, gagnent plus que ceux qui consultent peu ou sont moins disponibles. Plus question de favoriser la médecine forfaitaire et les maisons médicales. Favoriser les pratiques multidisciplinaires, les applications médicales et les maisons médicales ne résout rien. Ce sont des simulacres dérisoires qui n'offrent aucune réponse à une crise comme celle d'Essen, qui se produira bientôt partout en Flandre.

Les habitants d'Essen qui ne trouvent pas de médecin généraliste dans leur commune peuvent venir me voir à Kalmthout, s'ils peuvent s'y rendre. Je fais de mon mieux pour aider à faire face à la crise dans la commune voisine. J'espère qu'il en sera de même pour les autres collègues.

Frederik Kao, administrateur du Vlaams Artsensyndicaat (VAS)

 

À propos de l'ABSYM

Nous défendons une médecine libre avec un modèle de rémunération à l'acte, complétée par des forfaits.
Par exemple, en médecine générale, nous défendons toutes les formes de pratique et pas seulement les pratiques de groupe multidisciplinaires comme nos concurrents.

Le médecin généraliste solo doit pouvoir garder sa place.

En ce qui concerne les spécialistes, nous défendons tous les spécialistes y compris ceux qui exercent en dehors de l'hôpital.