Des flics pour accompagner les médecins belges en visite? Une coopération bienvenue? (contribution du Dr Marc Moens)

5 octobre 2016

En cas de consultation à domicile risquée, certains généralistes belges, peuvent dorénavant demander un accompagnement policier. Initié par les médecins du secteur, le protocole d’entente a été signé en septembre.

Système de santé | 5 octobre 2016 | Imène Hamchiche

 
 

En cas de consultation à domicile risquée, certains généralistes belges, peuvent dorénavant demander un accompagnement policier. Initié par les médecins du secteur, le protocole d’entente a été signé en septembre.


Trop dangereux, le plat pays ? Les médecins généralistes de la région de Roulers, en Belgique, bénéficient désormais d’une escorte policière lors de consultations à domicile jugées à risque. Un protocole de collaboration a été signé à cet effet entre le cercle local des médecins généralistes et la police locale. Une initiative qui ne résout pas tous les problèmes et qui peine à être acceptée par les autorités.

 

L’Association belge des syndicats médicaux (ABSym), favorable au projet, se veut rassurante. « Nous n’avons pas l’intention de constituer une liste noire de personnes dangereuses », indique le Dr Marc Moens, président de l’association. Afin de garantir le secret médical, l’officier ne pourra pas assister à la consultation et restera en bas de l’immeuble jusqu’à la fin de la visite. Le patient ne sera d’ailleurs pas mis au courant de la présence d’une escorte.

 

« La peur règne »

La mesure fait suite à l’assassinat, en 2015, d’un médecin généraliste effectuant une visite à Izegem, en Flandre occidentale. « La peur règne », s’inquiète Marc Moens. « Les médecins généralistes ont subi plusieurs attaques. Un confrère, agressé l’été dernier, est toujours hospitalisé. » Pour répondre à la problématique, l’Ordre des médecins belge a créé un numéro d’urgence. En un mois, plus d’une vingtaine d’actes de violences physiques y ont été recensés.

 

L’ABSyM salue ces initiatives mais déplore qu’elles soient uniquement locales. L’association a été reçue par Jan Jambon, le ministre de l’Intérieur. « Nous souhaitons que toutes les zones de police soient dans l’obligation d’apporter une aide aux cercles de médecins généralistes qui le demandent », explique Marc Moens. Actuellement, si certaines zones de police répondent positivement aux appels des médecins, d’autres en sont empêchées par manque de personnel. Le ministre a promis que d’ici fin octobre, un règlement serait rédigé et instauré. Consciente de la surcharge de travail à laquelle font face les policiers, le président de l’ABSyM minimise : « L’accompagnement des médecins ne serait appliqué que dans les cas extrêmes. »

 

Pas encore abordé en France

Selon le Dr Ben Omrane, médecin généraliste aux Urgences médicales de Paris, une telle mesure serait difficilement transposable en France. « Les policiers sont déjà en burnout avec l’état d’urgence », observe-t-il. Il indique qu’à sa connaissance, aucune mesure de sécurité n’existe pour les médecins généralistes réalisant des visites à domicile. « Même si une ambulance et des policiers sont réquisitionnés pour les patients agités, il est très difficile de synchroniser tous les intervenants ». L’Ordre des médecins français organisera d’ailleurs le 18 octobre prochain un débat sur l’insécurité des médecins. Convié, l’Ordre belge y racontera son expérience sur le terrain.

 

Reste une question : avons-nous vraiment envie que le policier devienne un membre de l’équipe médicale à part entière ?

 

Source: What's Up Doc? Le magazine des jeunes médecins (France)

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